• L'AVENTURE DU QUOTIDIEN - Episode I:

    Certains navetteurs le savent bien, lorsqu’on traverse Bruxelles en train, ou toute autre ville sans doute, on accède par endroits à un univers invisible pour le commun des piétons et automobilistes, à savoir, l’arrière des habitations.  L’arrière des maisons et des immeubles révélant ordinairement, d’avantage que l’avant, la vie intime des occupants; on se retrouve subitement « voyageur voyeur », importun involontaire ; s’immisçant, sans y avoir été invité, dans le quotidien familier des riverains.  

    C’est ainsi que l’on peut apercevoir des sous-vêtements mis à sécher sur un balcon ; des jouets abandonnés dans un jardin dont les propriétaires sont à l’école; une vieille balançoire usagée jamais remplacée, témoin nostalgique d’une enfance révolue; un lit aux draps défaits ; une femme en peignoir qui sirote son café dans la cuisine; un adolescent accoudé à sa fenêtre qui consomme discrètement une cigarette clandestine; un vieillard qui s’affaire sur une « mini » parcelle de terrain transformée en « mini » potager ; la décoration d’un salon ou d’une véranda ; ou encore la compétition d’aménagement des jardinets vétustes, que l’on tente de personnaliser à grand renforts de nains de jardins ou autres figurines de plâtre - lutte improbable pour se sentir « chez soi », alors que les trains, régulièrement, viennent grappiller le peu d’intimité que veut bien céder, de temps en temps, la promiscuité du voisinage. 

    Aux abords des gares, tout semble rétrécir et se resserrer.  Les maisons vieillissantes, de plus en plus petites et étroites, de moins en moins verticales, se serrent les unes contre les autres comme pour s’empêcher de s’écrouler.  Toutes sortes d’objets obsolètes et rouillés ont envahi le moindre centimètre carré encore vacant, s’entassant sur les maigres balcons et dans les jardinets dégarnis. 

    Les voyageurs des trains qui longent la gare du midi, assistent, eux, à un spectacle aussi étonnant qu’« illicite », puisque les façades arrières des vieilles « maisons à appartements », sales et effritées, abritent des dizaines d’antennes paraboliques, rondes et plus ou moins blanches, accrochées vaille que vaille aux balcons, aux toits, aux murs et aux appuies de fenêtres, semblables à une multitude de champignons parasites géants qui auraient colonisé les façades.  

    jardin fortin  champignon


  • Commentaires

    1
    Mercredi 5 Avril 2006 à 10:39
    je voyage très souvent
    en train, et j'ai ri en te lisant, car je me disais la m^me chose il y a quelque jours.... je me disais aussi "qu'est ce qu'il y a comme piscines!!!" (mais c'était dans les grand sud, pas à Bxles.... )BOnjour ici
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